Et si on prenait le temps de la lenteur?
Pendant le confinement, nombre d’entre nous ont vu leur rythme ralentir: effrayant, bénéfique, inespéré? Des nombreux échos que j’ai entendu après coup, c’était bien agréable: davantage de temps pour être avec ses enfants, être plus calme, des enfants plus calmes, pouvoir faire des choses qu’on ne fait pas d’habitude. Écouter ses rythmes naturels, faire des choses pour soi, se remettre au dessin, à la danse ou à la cuisine, méditer, manger mieux, voir ses enfants plus épanouis. Du luxe, ça? Et si c’était juste normal et vital?
Et si c’était juste le ‘normal’ qui était totalement fou?
Et pas dans le bon sens du terme… Qu’il y a-t-il d’épanouissant à courir sans cesse, tel le hamster dans sa roue, faire toujours plus, quitte à ce que ce soit au détriment de la qualité? Et pour qui, pour quoi?
Le fait est que notre société actuelle, et le monde du travail qui semble la piloter, est un héritage direct de la révolution industrielle: l’homme comme ouvrier, à construire, faire fonctionner, réparer, être substitué par une machine. La machine à l’image de l’homme, l’homme à l’image de la machine… : temps de travail fixe, minuté, tous les jours la même chose, mesure des performances, de l’efficacité, chacun à son poste, tel le rouage. Et si l’un d’eux n’apporte plus les performances requises pour l’atteinte d’un résultat… on le remplace par un autre…
Ca vous dit quelque chose?
La société évolue, heureusement… un peu.
Qu’en est-il de l’efficience?
Quel sens cela a-t-il de rester 8h par jour assis-e derrière un écran d’ordinateur alors que l’on sait que le cerveau fonctionne de manière optimale avec des variations d’intensité, entre état diffus et état concentré? Rester enfermé ‘dans une boite’ 8h par jour alors que l’on sait que la seule manière de régénérer ses neurones, de trouver de l’inspiration, de stimuler sa création ou de baisser la tension artérielle consiste à être dehors, en mouvement, dans la nature de préférence? Que l’on sait que chacun de nous est différent et a des rythmes naturels, des cycles, que ce soit de sommeil, d’énergie,… différents?
Nous sommes tellement conditionnés à suivre un rythme imposé par l’extérieur (parents, école, entreprise,…), que la plupart d’entre nous ne sommes même pas conscients de nos propres rythmes! Que certains culpabilisent parce qu’ils n’arrivent pas à se lever le matin, étouffent leur créativité parce que leur inspiration vient entre 23h et 2h du matin et qu’ils ne seront pas en forme pour aller au bureau?
Et si ralentir consistait surtout à prendre le temps de s’écouter et faire des choix plutôt que de continuer en mode ‘hamster’? Comment peut-on prendre le temps de l’introspection, de faire des choix pour sa vie en passant son temps à courir… pour les autres? Comment changer de direction alors qu’on arrive déjà pas à suivre le rythme dont on a l’habitude?
Vitesse et immédiateté
L’autre problème avec le paradigme de la vitesse, c’est que l’on s’habitue à se rassurer sans cesse avec des résultats immédiats. Ainsi, on perd complètement de vue que certaines choses prennent du temps… Les grandes choses prennent du temps. Pour avoir des résultats, on privilégie les solutions à court terme, qui riment souvent avec médiocrité.
Tout doit aller vite, sinon c’est l’échec: rencontrer l’âme sœur en quelques jours grâce aux supers outils des sites internet, et se mettre en couple une semaine plus tard? Créer un business en ligne et générer des résultats en quelques mois, et sinon renoncer? Lancer une action marketing annuelle et espérer que cela fasse des miracles? Quelle folie! Les plus grandes réalisations humaines, architecturales notamment ; les grandes découvertes, inventions ; les entreprises florissantes et durables ; les plus belles relations,… tout cela a pris du temps, et une grande partie dans l’ombre, sans aucune certitude. Les résultats ne sont pas visibles immédiatement, l’essentiel même peut-être, à l’image de l’iceberg.
A vouloir se rassurer avec un résultat visible immédiatement, on se cantonne dans du « petit », partiel, et souvent assez peu satisfaisant.
Et si on changeait de référentiel?
Oser la « lenteur », oser prendre le temps, c’est:
- Faire une seule chose à la fois, mieux, et en tirer de la joie
- S’autoriser à s’écouter, écouter ses besoins, apprendre à mieux se connaitre
- Être véritablement présent à ce qui est, via les 5 sens, savourer, s’émerveiller
- Vivre en conscience et pouvoir faire des choix
- Oser voir grand
- Prendre le temps de ne rien faire, laisser de l’espace… pour les surprises 🙂
- …
=> Et vous, quelle est votre expérience de la « lenteur »?
Que pourriez-vous vivre en ralentissant?